Bouger avec sens : 3 pratiques japonaises pour cultiver l’harmonie du corps et de l’esprit

Bouger avec sens : 3 pratiques japonaises pour cultiver l’harmonie du corps et de l’esprit

Quand on pense à “bouger”, on pense souvent à transpirer. Courir, sauter, contracter… C’est utile, certes. Mais est-ce vraiment ça, le mouvement qui fait du bien ? Celui qui apaise le mental, ancre dans le moment présent et réveille le corps sans l’épuiser ?

Au Japon, la relation au mouvement est souvent plus douce, plus ancrée dans la philosophie de la vie quotidienne. On ne bouge pas contre soi, on bouge avec soi. Et parfois même… avec l’autre.

Aujourd’hui, on vous invite à découvrir trois pratiques japonaises très différentes : l’une vient des arts martiaux et cherche l’harmonie dans la confrontation, l’autre façonne la rigueur par le sabre, et la dernière vous offre une séance de gym du matin en pyjama (si si, c’est tout à fait socialement accepté). Ces pratiques peuvent sembler éloignées les unes des autres, mais elles ont en commun un même souffle : le désir de remettre du sens et de la conscience dans nos gestes.

Pas besoin d’être un ninja, un samouraï ou un professeur de yoga. Juste un peu de curiosité… et peut-être l’envie de se tenir un peu plus droit demain matin.

1 | Aïkido – L’harmonie dans le mouvement

Le mot Aïkido s’écrit 合気道.

  • 合 (ai) : l’union, l’harmonie
  • 気 (ki) : l’énergie, le souffle vital
  • 道 () : la voie, le chemin

On pourrait donc traduire “aïkido” par “la voie de l’harmonisation des énergies”. Une belle promesse. Mais concrètement, qu’est-ce que cela veut dire ?

L’aïkido est un art martial japonais fondé dans les années 1920 par Morihei Ueshiba (1883–1969), souvent surnommé O Sensei, “le grand maître”. Après des années d’entraînement au jujutsu, au kenjutsu (l’art du sabre) et à d’autres techniques martiales, Ueshiba en arrive à une conclusion étonnante : la véritable puissance ne se trouve pas dans la domination, mais dans l’harmonisation. On n’est plus là pour vaincre l’autre, mais pour neutraliser l’agression… sans la nourrir.

L’aïkido repose sur des mouvements circulaires et fluides, qui redirigent l’énergie de l’adversaire sans chercher la confrontation. Il n’y a pas de compétition ni de combat en duel : la pratique se fait à deux, dans un esprit de coopération. Chacun joue à tour de rôle le rôle de l’attaquant et du défenseur. Et on en ressort souvent… détendu, recentré, parfois même un peu bouleversé. Car c’est un art martial qui travaille aussi bien le corps que le mental.

C’est d’ailleurs pour cela que l’aïkido est parfois surnommé “la méditation en mouvement”.

Aikido de la Montagne
Image emprunté à Aikido de la Montagne


Pourquoi c’est bon pour votre ikigai ?

L’aïkido, c’est l’art de dire “non” sans violence, de rester centré face à la tempête, et de transformer une agression en danse. En d’autres mots : une compétence utile pour les embouteillages, les réunions tendues ou les disputes de couple.

Pratiquer l’aïkido peut aider à mieux gérer le stress, améliorer la posture, renforcer la conscience corporelle, et développer une véritable philosophie de vie. Pas mal pour un art sans coups de poing.

Où pratiquer l’aïkido au Québec et au Canada?

Bonne nouvelle : l’aïkido a fait des petits un peu partout au Canada. Voici quelques dojos reconnus :

2 | Kendō – Le sabre comme miroir de soi

S’il y a bien un art qui évoque immédiatement les samouraïs, c’est le kendō. Et pourtant, bien loin des duels dramatiques de films de sabre, cette discipline est aujourd’hui un art martial profondément moderne, axé sur la rigueur, la posture, et… le travail intérieur. Oui, même quand on porte une armure et qu’on crie très fort en frappant.

Une brève histoire tranchante

Le kendō (剣道) signifie littéralement “la voie du sabre” :

  • 剣 (ken) = sabre
  • 道 () = la voie

Il trouve ses origines dans les techniques de combat à l’épée des samouraïs (kenjutsu), codifiées dès le XIIe siècle. Au fil du temps, ces techniques se sont raffinées, puis ont été transformées après la période Edo (1603–1868) pour devenir une pratique plus spirituelle et éducative que guerrière. Le kendō moderne, tel qu’on le connaît aujourd’hui, s’est structuré au début du XXe siècle, avec la création d’un équipement spécifique : un sabre en bambou (shinai), une armure de protection (bōgu)… et une bonne dose de discipline.

Le cri qu’on pousse en frappant s’appelle le kiai. Il n’est pas là pour faire peur (même si c’est un bonus), mais pour exprimer son énergie intérieure, sa présence, son intention.

Un livre qui nous a profondément plu et qu'on recommande: La Pierre et le Sabre d'Eiji Yoshikawa, on en parle dans cet article.

Image empruntée à JanBox

Kendō et Ikigai : se tenir debout, sabre ou pas

À première vue, le kendō peut sembler très martial, très "guerrier". Mais en réalité, il s’agit moins de battre un adversaire que de se confronter à soi-même. C’est une école de rigueur, de patience, de silence intérieur. Tenir son sabre, c’est tenir sa ligne. Garder sa distance, c’est garder son calme. Avancer, même dans la peur, c’est apprendre à se faire confiance.

Dans une société où l’on cherche souvent à fuir le conflit ou à le subir, le kendō enseigne le courage d’être présent, droit, ancré.

Il n’est pas question ici de vaincre, mais de progresser — coup après coup, respiration après respiration.

Et entre nous… il y a quelque chose de puissamment libérateur à frapper dans un plastron tout en criant “MEN !” (tête) ou “KOTE !” (poignet), surtout après une grosse journée.

Où pratiquer le kendō au Québec ?

Le kendō est bien vivant au Canada, avec plusieurs clubs dynamiques :

Si vous voulez voir à quoi ressemble un combat de haut niveau, jetez un œil à ce match de championnat sur la chaîne officielle de la Fédération japonaise : All Japan Kendo Championship – YouTube

3. Radio Taiso – La gym japonaise du matin

Vous pensiez que la gymnastique matinale, c’était juste pour les retraités en centre de vacances ou les vidéos VHS oubliées ? Détrompez-vous. Au Japon, chaque jour depuis près de 100 ans, des millions de personnes — enfants, ouvriers, employés de bureau, retraités — commencent leur journée avec une routine de mouvements doux mais rythmés, connue sous le nom de Radio Taiso.

Et croyez-le ou non, ce petit rituel matinal pourrait bien réveiller non seulement votre corps… mais aussi votre envie de vivre.

C’est quoi, le Radio Taiso ?

Radio Taiso (ラジオ体操) se traduit littéralement par “gymnastique radiodiffusée”. Elle est née en 1928, inspirée par des exercices américains de “calisthenics” diffusés par radio. L’idée ? Proposer à toute la population une séance courte, simple et régulière d’activité physique.

Il existe deux versions principales, “Radio Taiso 1” et “Radio Taiso 2” (oui, ils n’ont pas cherché très loin pour les noms). La première est plus douce et accessible à tous, la deuxième un peu plus physique.

Chaque séance dure entre 3 et 5 minutes, avec une série de mouvements bien précis — étirements, flexions, rotations — effectués en musique et souvent en groupe, sur des places publiques, dans les écoles ou au travail. Et oui, c’est toujours diffusé à la radio… et même à la télévision !

Radio Taiso et Ikigai : 5 minutes qui changent une journée

Dans une société où on court après le temps, où on “repousse” souvent le sport à demain (ou après-demain), le Radio Taiso est l’exemple parfait du petit geste quotidien qui fait une grande différence.

Pas besoin de matériel. Pas besoin de motivation héroïque. Juste une petite musique, un peu d’espace (dans son salon ou sur un balcon), et l’envie de se dégourdir le corps.

C’est aussi une forme de rituel collectif : on bouge ensemble, on prend soin de soi… ensemble. Et ça, c’est profondément japonais. D’ailleurs, de nombreuses entreprises ou écoles japonaises l’intègrent au début de la journée, non seulement pour des raisons de santé, mais aussi pour créer un sentiment de cohésion.

Image empruntée à Voyapon

Et si vous cherchez un moyen doux de commencer à bouger (ou à reprendre), c’est une merveilleuse porte d’entrée.

Où pratiquer le Radio Taiso au Québec ?

  • Le Radio Taiso n’est pas encore très répandu ici… mais il commence à percer ! Quelques idées :
  • Maison de la culture du Japon à Montréal : propose parfois des ateliers de découverte (à surveiller dans leur programmation).
  • Centres de yoga ou de tai chi : certains incluent des pratiques similaires dans leurs cours de mouvement conscient.
  • À la maison, bien sûr ! Des vidéos officielles sont disponibles avec instructions simples. Par exemple : Radio Taiso en version originale (avec instructions visuelles)

Vous pouvez aussi en faire un rituel familial ou entre collègues, pour commencer la journée avec le sourire. Oui, même en pantoufles.

Et vous, quel mouvement vous appelle aujourd’hui ?

Que vous soyez tenté par la grâce défensive de l’Aïkido, par l’élégance tranchante du Kendō ou simplement par les étirements joyeux du Radio Taiso, une chose est certaine : bouger avec sens, c’est déjà cultiver son ikigai.

Pas besoin d’être ceinture noire ni de vivre dans un dojo au pied du mont Fuji pour s’y mettre. Un pas à la fois, un geste à la fois — ce qui compte, c’est d’y trouver du plaisir, de la présence, et un brin de curiosité.

Chez Ikigai Box, on croit que la découverte d’un art, qu’il soit martial, créatif ou méditatif, est une clé pour reconnecter avec soi. C’est pourquoi on vous prépare des contenus, des idées et parfois même des défis doux à tester dans votre quotidien.

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Vous y trouverez des invitations à bouger, créer, respirer… et parfois, rire un peu aussi. Car après tout, le bonheur, c’est aussi une question de mouvement.

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